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le vice des prisons et les procédés de la colonisation, pourrait un jour, avec plus d’autorité qu’aucun autre, proposer à son pays l’abolition de la servitude dans les colonies, la réforme pénitentiaire, et celle du régime imposé à nos établissements d’Afrique.

Ainsi se convertissaient en applications pratiques un grand nombre des opinions théoriques que Tocqueville avait apportées à la Chambre. On comprend cependant qu’une pareille destinée ne pouvait échoir à ses opinions politiques proprement dites ; car ses principes politiques le séparaient de la majorité parlementaire, dont à cet égard il ne pouvait jamais être l’interprète ; et il n’avait, comme rapporteur, d’accès possible qu’auprès de ce petit nombre d’affaires, qui sont neutres de leur nature, et pour lesquelles seules l’opposition trouvait quelquefois grâce auprès de la majorité. Ces questions neutres sont les petites questions du moment, et celles que les partis dédaignent. Ce sont pourtant les grandes questions ; questions de morale, d’humanité, de justice sociale ; elles ne touchent pas les partis parce qu’elle sont au-dessus d’eux, et continuent d’exister, quand la trace même des partis a disparu.

C’est une heureuse fortune pour un homme politique d’avoir, dans le cours de sa carrière, rencontré sur son chemin une de ces grandes questions humaines qui ne meurent point, et d’y avoir attaché son nom. Les ambitieux vulgaires n’estiment guère le pouvoir que par