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une pression de l’opinion publique sur la Chambre, en même temps qu’il livre son rapport aux députés, il adresse au public, par la voie de la presse, une série d’articles, où il s’applique à démontrer la nécessité, l’urgence et les facilités de l’abolition de l’esclavage. Ces articles écrits avec une verve et un talent admirables parurent alors sous le voile de l’anonyme dans le journal le Siècle. On les trouvera réunis à la suite du rapport.

Le rapport de Tocqueville sur l’esclavage n’en amena pas immédiatement l’abolition ; mais il la rendait inévitable et prochaine. Quand de pareilles questions ont été ainsi posées, elles sont résolues. Mortellement atteinte, l’institution de l’esclavage dans les colonies françaises pouvait paraître encore vivante, parce qu’elle restait encore debout ; mais elle se tenait comme peut se tenir encore le chêne dont la racine est coupée. Elle est tombée au premier souffle de la révolution de Février, à laquelle sans doute personne ne reprochera cette ruine.

De même et quelques mois après seulement (1840), la question de la réforme des prisons étant portée devant le parlement, Tocqueville qui avait étudié ce sujet en Amérique et s’y était formé des convictions bien arrêtées, en porte l’expression vive devant la Chambre, est nommé rapporteur de la commission formée pour l’examen du projet de loi, et dépose le remarquable rapport qui fut pendant plusieurs années la base des discus-