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comme une feuille ; sa parole vibrait de toute l’émotion de son âme ; tout l’être moral était engagé, on l’écoutait avec respect, avec admiration… »

L’Académie française ne publie point le procès-verbal de ses séances, et ce récit charmant de M. Sainte-Beuve le fait regretter. Mais Tocqueville était également membre de l’Académie des sciences morales et politiques, dont tous les travaux sont livrés à la publicité. À diverses époques Tocqueville a lu, dans cette académie, un certain nombre de morceaux qui sont épars dans ses annales, et que nous avons réunis.

Quoique nous ayons établi une distinction entre les travaux académiques, économiques et politiques de Tocqueville, il arrive souvent à ces travaux de se confondre entre eux. C’est ainsi que la plupart des lectures faites par Tocqueville à l’Institut touchaient par un côté à l’économie politique et par l’autre à la politique même ; tandis que de certains travaux destinés à la tribune ou à la presse, étaient empreints d’un caractère plutôt philosophique et moral. On ne saurait, en ces matières, qui toutes se tiennent les unes les autres, établir de classification absolue ; on ne peut que viser à un certain ordre. C’est ainsi qu’à la suite des mémoires lus par Tocqueville à l’Académie des sciences morales, nous avons placé une note de Tocqueville sur une question tout à la fois économique et politique, celle des colonies pénales.