Abordant tour à tour et successivement, sans parti pris d’avance, toutes les phases de cette grande époque, reprenant un à un tous les faits, soumettant tout à sa puissante analyse, il s’avançait pas à pas dans cette vaste arène semée de tant d’écueils, que tant de vives lumières éclairent déjà de leurs rayons, et que couvrent encore tant de profondes ténèbres ; passant tout au creuset de son admirable bon sens, avec une patience d’investigation que rien ne lassait, et avec un esprit assez haut pour rester toujours impartial au milieu des passions encore brûlantes de ses contemporains. Qui démêlera ce tissu de préjugés, de paradoxes, d’erreurs et de demi-vérités dont se composent jusqu’à présent les jugements portés sur cette époque de notre histoire ? Qui nous dira ce dernier mot, tant cherché, sur la révolution française ? Comment ne pas éprouver ces regrets et cette douleur, quand on jette un coup d’œil sur les éléments qu’il avait déjà préparés pour la solution de ces grands problèmes ! Quels innombrables matériaux ! quelle multitude de documents déjà accumulés ! que de mailles déjà formées, destinées à se resserrer peu à peu, jusqu’à ce qu’elles formassent ce fin réseau à travers lequel ne pourrait se glisser ni un fait inexact, ni un jugement douteux !
J’ai entre les mains cet immense manuscrit : notes, extraits, réflexions, analyses de mémoires contemporains, vaste recueil de faits et de pensées déjà classés par ordre alphabétique, chaque fait se rapportant à une idée prin-