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Révolution, que nous prenons le parti de publier, ne sont point ce qu’ils eussent été s’ils eussent passé de la main de Tocqueville dans celle de l’imprimeur. On ne doit y voir que le premier jet de sa pensée, le dessin des lignes principales de son œuvre. Le petit nombre de développements qui s’y trouvent çà et là sont de la nature de ceux qui, dans le moment où un auteur conçoit son plan général, s’offrent à son esprit, et qu’il jette à la hâte sur le papier dans la crainte de ne pas les retrouver plus tard. J’ajoute que ce texte ébauché par Tocqueville, je le livre absolument tel que le manuscrit le présente, avec ses lacunes et même ses incorrections. Rien n’eût été plus facile que d’en mieux lier toutes les parties ; mais c’eût été altérer l’œuvre de Tocqueville que de la compléter. Nous avons sur ce point poussé le scrupule jusqu’à signaler, par la différence des caractères typographiques, ce qui, dans le manuscrit, paraît constituer le texte, et ce qui s’y rencontre comme des citations ou des notes dont Tocqueville n’avait encore ni arrêté le choix ni fixé la place.

Quel que soit le jugement que l’on porte sur ces fragments, leur lecture ajoutera certainement aux regrets qu’on éprouve de ce que ce travail de Tocqueville sur la révolution française n’ait point été achevé. Tocqueville possédait pour l’exécution d’une telle œuvre un ensemble de conditions intellectuelles et morales, que peut-être ne réunira jamais au même degré aucun autre écrivain.