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question ne s’est posée plus étroitement que de nos jours entre une démocratie libérale et le despotisme démocratique ? N’est-ce pas qu’on se sent plus attiré vers l’auteur et ses idées, en contemplant les périls que son génie prévoyant avait signalés ?

Tout ce qui s’est passé en France en 1848 et en 1852, tout ce qui de notre temps même est en voie de s’y accomplir, toutes ces phases continues de la révolution démocratique qui suit son cours, rendent de plus en plus précieux un livre dont l’étude de cette révolution forme l’objet.

Il n’est pas jusqu’à la terrible conflagration dont les États-Unis sont en ce moment le théâtre qui ne contribue à en accroître le mérite, et à en justifier la popularité[1].

On a beaucoup admiré, et avec grande raison, la rare sagacité avec laquelle Tocqueville a analysé la société américaine et son gouvernement ; comment, au milieu du chaos que présentent à l’œil des peuples d’origines différentes, des coutumes opposées, des législations diverses et incohérentes, il est parvenu à créer en quelque sorte un code d’institutions parfaitement logique, inconnu jusqu’alors de ceux même qui lui obéissaient et

  1. Une nouvelle édition de la traduction anglaise de M. Henry Reeve vient de paraître en Angleterre avec une préface où le traducteur signale le nouveau mérite d’opportunité que le livre de la Démocratie tire de ces événements.