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Livre XXIII. — Révolte des Campaniens en faveur d’Annibal. — Envoyé à Carthage pour y porter la nouvelle du triomphe de Cannes, Magon répand au milieu du vestibule du sénat les anneaux d’or arrachés aux doigts des Romains tués dans l’action : il y en avait, dit-on, plus d’un boisseau. — A cette nouvelle, Ilannon, l’un des citoyens les plus distingués de Carthage, conseille au sénat de cette ville de demander la paix aux Romains ; mais son avis est rejeté à cause de la vive opposition de la faction barcine. — Le préteur Claudius Marcellus, attaqué dans Nole par Annibal, fait une sortie où il remporte l’avantage. — L’armée carthaginoise, qui a pris les quartiers d’hiver à Capoue, s’énerve dans les délices, et perd à la fois l’énergie de l’âme et celle du corps. — Casilinum, assiégé par les Carthaginois, et en proie à la famine, est réduit à manger les peaux, les cuirs arrachés aux boucliers, et jusqu’aux rats : des noix, que les Romains ont jetées dans le Volturne, servent de nourriture aux habitants. — Le nombre des sénateurs complété par l’admission de cent quatre-vingt-dix-sept chevaliers. — Le préteur L. Postumius, vaincu et tué par les Gaulois avec son armée. — Les deux Scipions, Cnéius et Publius, battent Asdrubal en Espagne, et soumettent cette province. — Les soldats, débris de la déroute de Cannes, relégués en Sicile, avec ordre d’y servir jusqu’à la fin de la guerre. — Traité d’alliance entre Philippe, roi de Macédoine, et Annibal. — Le consul Sempronius Gracchus taille en pièces les Campaniens. Heureux succès du préteur T. Manlius, en Sardaigne, contre les Carthaginois et les Sardes. — Asdrubal, général en chef ; Magon et Hannon, faits prisonniers. — Le préteur Claudius Marcellus défait l’armée d’Annibal et la met en fuite près de Nole ; le premier il rend quelque espoir aux Romains dans une guerre marquée pour eux par tant de désastres. 
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Livre XXIV. — Hiéronyme, roi de Syracuse, dont l’aïeul Hiéron avait été l’ami constant du peuple romain, embrasse le parti des Carthaginois ; tyran farouche et cruel, il est massacré par ses sujets. — Ti. Sempronius Gracchus, proconsul, remporte auprès de Bénévent une victoire sur les Carthaginois, et sur Hannon, leur chef : il doit son succès principalement aux esclaves ; il leur rend la liberté. — Claudius Marcellus, consul, assiège Syracuse en Sicile, contrée qui s’était presque tout entière soulevée en faveur de Carthage. — On déclare la guerre à Philippe, roi de Macédoine ; ce prince, vaincu pendant la nuit, et mis en fuite auprès d’Apollonie, regagne difficilement son royaume avec des troupes presque désarmées. — Le préteur Valérius est chargé du soin de cette expédition. — Avantages obtenus en Espagne sur les Carthaginois par P. et Cn. Scipio. — Alliance faite avec Syphax, roi de Numidie. — Défait par Masinissa, roi des Massyliens, et alors allié des Carthaginois, Syphax passe avec des forces imposantes dans le pays des Maurusiens, du côté de Gadès, où l’Espagne est séparée de l’Afrique par un détroit. Les Celtibériens sont admis également au nombre des alliés de Rome. — Pour la première fois la république reçoit dans ses armées des soldats mercenaires. 
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Livre XXV. — Pub. Cornélius Scipion, depuis Scipion l’Africain, est nommé édile avant l’âge. — De jeunes Tarentins, sortis pendant la nuit sous prétexte d’aller à la chasse, livrent leur ville à Annibal qui s’en empare, à l’exception toutefois de la citadelle, où s’était réfugiée la garnison romaine. — Des jeux Apollinaires sont institués d’après les livres de Marcius, lesquels avaient prédit le désastre de Cannes. — Succès de Q. Fulvius et d’Ap. Claudius, consuls, contre Hannon, chef des Carthaginois. — Tib. Sempronius Gracchus, proconsul, attiré dans une embûche par les artifices d’un Lucanien, son hôte, est assassiné par Magon. — Contentius Penula, centurion, demande une armée au sénat, promettant, s’il l’obtient, de vaincre Annibal. On lui donne huit mille hommes, dont il est nommé chef. — Il livre bataille à Annibal, mais il est tué et son armée détruite. — Cn. Fluvius est également défait par Annibal ; seize mille hommes périssent dans ce combat, et le préteur est obligé de fuir avec deux cents cavaliers seulement. — Capoue est assiégé par Q. Fulvius et App. Claudius, consuls. Syracuse est prise après trois ans de siège par Claud. Marcellus, qui y déploie tous les talents d’un grand général. — Dans le premier tumulte qui suit la prise de cette ville, Archimède, occupé à tracer sur le sable des figures géométriques, est tué par un soldat. — Revers éprouvés en Espagne par P. et Cn. Scipion après huit ans de succès. Tous deux sont tués, et leur armée est presque entièrement détruite. — L’Espagne qui allait être perdue est conservée grâce au courage et à l’habileté d’un chevalier romain, L. Marcius, lequel rassemble les débris de l’armée, et s’empare de deux camps ennemis, après avoir exhorté ses soldats. — Trente-sept mille ennemis sont tués, et trente mille huit cents faits prisonniers. — Marcius est nommé général. 
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