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Livre X. — Envoi de colonies à Sora, à Albe et à Carséoles. — Augmentation du collège des Augures, dont les membres sont portés à neuf, de quatre qu’ils étaient auparavant. — Loi de l’appel au peuple, portée alors pour la troisième fois par le consul Valérius. — Deux tribus sont ajoutées aux autres, l’Aniensis et la Térentine. — La guerre est déclarée aux Samnites, contre lesquels on combat avec succès en beaucoup de rencontres. — Diverses expéditions des généraux P. Décius et Q. Fabius contre les Étrusques, les Ombriens, les Samnites et les Gaulois. — Extrême danger que court l’armée romaine. — P. Décius, à l’exemple de son père, se dévoue pour l’armée, et, par sa mort, assure dans ce combat la victoire au peuple romain. — Papirius Cursor met en déroute une armée samnite, qui, obligée par serment aux plus grands efforts de courage, lui avait présenté la bataille. — Dénombrement des citoyens et clôture du lustre. — Le nombre des citoyens est fixé à deux cent soixante-deux mille trois cent vingt-deux. 
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Livre XXI. — Origine de la seconde guerre punique. — Annibal, général des Carthaginois, passe l’Èbre contre la teneur du traité, attaque Sagonte, ville alliée de Rome, et la prend après un siège de huit mois. Une députation est envoyée à Carthage pour porter plainte de cette rupture. — Refus de donner satisfaction. — Rome déclare la guerre aux Carthaginois. — Annibal franchit les Pyrénées, défait les peuples de la Gaule qui veulent arrêter sa marche, et arrive au pied des Alpes, qu’il traverse avec beaucoup de peine, obligé souvent de repousser les attaques des montagnards. — Il descend en Italie, auprès du fleuve. Tésin ; les Romains sont vaincus dans un combat de cavalerie ; P. Cornélius Scipion, atteint d’une blessure, est sauvé par son fils, qui depuis fut surnommé l’Africain. — Seconde victoire d’Annibal auprès de la Trébia ; fatigues inouïes, tempêtes affreuses essuyées par son armée au passage de l’Apennin. — Cn. Cornélius Scipion obtient des succès en Espagne sur les Carthaginois, et fait prisonnier Magon, leur chef. 
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Livre XXII. — Annibal, épuisé de veilles, perd un œil dans les marais d’Étrurie, à la suite d’une marche forcée pendant quatre jours et trois nuits. — Le consul Flaminius, homme téméraire, parti sous des auspices défavorables, arrache de terre les enseignes qu’on ne pouvait lever, et tombe de cheval la tête la première ; surpris dans une embuscade, il est tué près du lac Trasimène, et son armée est taillée en pièces. — Six mille hommes qui s’étaient fait jour à travers l’ennemi et s’étaient livrés à la foi de Maharbal, sont chargés de fer par une perfidie d’Annibal. — Deuil à Rome à la nouvelle de cette défaite. — Deux mères qui, contre leur attente, ont revu leurs fils, meurent de joie. — Consultés à l’occasion de ce désastre, les livres de la sybille ordonnent le vœu d’un printemps sacré. — Ensuite Q. Fabius Maximus, nommé dictateur, et envoyé contre Annibal, évite d’en venir aux mains avec un ennemi fier de nombreux succès, et d’exposer aux chances d’un combat ses soldats effrayés de tant de revers ; il se borne à opposer une sage résistance aux efforts du Carthaginois. Mais M. Minucius, maître de la cavalerie, accuse le dictateur de faiblesse et de lâcheté, et obtient, sur l’ordre du peuple, une autorité égale à celle de Fabius. — L’armée est partagée ; Minucius livre bataille dans une position désavantageuse ; les légions vont être accablées, lorsque Fabius, arrivant avec des troupes, le délivre du péril, vaincu par cette générosité, il passe dans le camp du dictateur, le salue du titre de père et ordonne à ses soldats d’imiter son exemple. — Annibal, qui a ravagé la Campanie, se laisse enfermer par Fabius entre la ville de Casilinum et le mont Callicula. Il attache des sarments aux cornes de plusieurs bœufs, y met le feu, dissipe la division romaine portée sur le mont Callicula, et se tire ainsi de ce mauvais pas. Au milieu de la dévastation des champs voisins il épargne les terres de Fabius, afin de le rendre suspect de trahison. — Sous le consulat de Paul-Émile et de Térentius Varron, funeste bataille de Cannes ; il y périt quarante-cinq mille Romains, avec le consul Paul-Émile, quatre-vingts sénateurs et trente personnages qui avaient été ou consuls, ou préteurs, ou édiles. — Le désespoir fait prendre aux jeunes gens des premières familles de Rome le dessein d’abandonner l’Italie. Au moment où ils délibèrent, P. Cornélius Scipion, alors tribun des soldats, depuis surnommé l’Africain, tire le glaive sur leur tête et jure de traiter comme ennemi de la patrie quiconque refusera de prêter le serment qu’il va dicter, et les contraint de jurer après lui que désormais ils ne songeront plus à quitter l’Italie. — Alarmes et deuil à Rome. — Heureux succès obtenus en Espagne. — Les vestales Opimia el Floronia condamnées pour inceste. — Le petit nombre de soldats libres forcé d’armer huit mille esclaves. — Les prisonniers, dont on avait la faculté de payer la rançon, ne sont point rachetés. — On va au-devant de Varron ; on lui rend grâce de n’avoir pas désespéré de la république. 
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