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propre vie qui fût attaquée ; autrement il suffirait d’un certain degré de violence dans la lésion de nos droits, c’est-à-dire d’un plus grand degré de culpabilité dans le délinquant, pour qu’il n’y eût plus délit, pour que notre droit de résistance cessât d’être, ce qui est absurde. Souvent, il est vrai, la morale nous fait un devoir de renoncer à un droit de peu d’importance plutôt que de le faire respecter à des conditions sévères quoique justes. Mais au point de vue du droit, il serait contradictoire que nous n’eussions pas le droit de faire tout ce qui est nécessaire pour défendre notre droit.

Le droit de recouvrer un droit ravi, ou plutôt de rentrer en possession de l’objet de notre droit, ou de nous indemniser, est aussi infini, par les mêmes raisons et de la même manière, c’est-à-dire suivant la mesure de la nécessité. Mais l’exercice de ce droit peut aussi être contraire à l’humanité ou à la morale.

La guerre, entreprise même justement, est un moyen horrible auquel il ne faut recourir qu’autant qu’il est impossible de faire respecter son droit d’une autre manière ; sans cela elle est indigne d’un être raisonnable, juridique et moral ; elle est contraire au bonheur et au perfectionnement de l’humanité. Tous les prétendus services qu’elle a rendus aux nations auraient pu leur être procurés d’une manière pacifique. D’ailleurs une fin qui n’est pas de droit strict ou strictement obligatoire ne peut justifier l’emploi de moyens en eux-mêmes condamnables. Il en est des bienfaits de la guerre comme de futilité des poi-