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I

Dès sa jeunesse, Mme de Morsier, qui avait toujours vu les siens exercer la charité, s’était accoutumée à considérer, d’une manière pratique, la plus méritoire des trois vertus théologales. Cependant, le bien qu’elle répandait autour d’elle, au profit des œuvres protestantes : à Genève d’abord, puis à Saint-Mandé, puis enfin à Paris, ne suffisait nullement à ses besoins de dévouement. Il lui semblait que ses efforts donneraient des résultats plus décisifs si, au lieu de se disséminer au gré des prétextes, ils se groupaient en faisceau de bonne volonté autour d’un but, d’une idée. Ce qu’elle cherchait, c’était une cause qui la passionnât au point d’y dédier sa vie.

Or, un soir d’hiver, en janvier 75, l’insistance que, sur l’heure, elle trouva excessive, d’une amie, l’entraîna à une séance où une Anglaise, Mme Joséphine Butler, parla, comme elle savait en parler, de la cause ou trop, ou trop peu attrayante — selon le point de vue psycholo-