Page:Tissot - Princesses des lettres.djvu/8

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tueuse cousine de l’impétueuse Corinne, Germaine de Staël témoigna de toutes les vertus connues et de quelques autres par-dessus le marché !… Le cant le plus sévère, la morale la plus pure, ne trouvaient rien à critiquer dans une vie, modèle d’innocence, de pudeur et de piété !… Hélas ! quand je fus devenu grand, il me fallut déchanter. Mlle Mélegari publia le Journal, de Benjamin Constant, Mme de Boigne raconta les folies in extremis. L’hermine de cette âme n’avait pas que les petites taches noires des queues !… Or, le cas d’Albertine Necker est d’autant plus grave, qu’elle savait, qu’elle ne pouvait pas ne pas savoir. Imprimons le mot, elle mentit ; elle mentit pour flatter les parents, plaire aux amis, tromper l’opinion. Que ne se bornait-elle à faire de la tapisserie, ou à confectionner des bracelets génévois ? Sans tomber dans l’indiscrétion, elle pouvait vanter l’âme généreusement passionnée de sa parente, et laisser les vertus dormir en paix. Depuis, elles se sont vengées. On ne dérange pas des vierges sages de cette importance, pour une dame qui les pratiquait aussi peu !

Eh bien ! voilà un genre de plaisir que ne pourront se procurer ceux qui plus tard liront ce recueil. Je suis loin, certes, d’avoir dit tout ce