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Quelques fleurs exhalant leur âme printanière jettent un accord de poésie sur ce désolant coin de terre. Contrairement à l’usage huguenot, aucun passage des Saintes Écritures n’est gravé. Quoi ! pas même ce vers du Cent dix-neuvième Psaume, que je propose à l’affection du fils unique : « Heureux ceux qui sont intègres dans leur vie ! » pas même ces sentences du Livre des Proverbes, que je recommande à la vénération des petits-enfants : « Acquiers l’intelligence, exalte-la et elle t’élèvera, elle mettra sur ta tête une couronne de grâce, elle t’ornera d’un diadème impérissable !… »

Après cette montée parmi ces pierres et les rires du corps de garde, je cherche en vain l’oiseau, le nuage, l’émotion… Comme son existence, la tombe de cette femme est sévère. Pourtant sa vie eut l’esprit ; sa parole, sa voix, le charme. Je n’ai retrouvé ni le saule pleureur de Musset, ni le rosier funèbre de Schubert. On voudrait s’exalter, on ne peut que respecter. Au fond, j’avais si bien deviné qu’il en serait ainsi que, hasard ou précaution, j’avais négligé d’emporter les violettes saphiques, que tant de fois je fus, à Florence, semer sur la tombe de l’ardente Elisabeth Browning, les roses chères à Éros que tant de fois je fus effeuiller à Montreux,