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ma propriété, et je tiens à le préciser afin d’éviter aux critiques l’erreur de m’accuser de m’être paré des plumes littéraires de Colette, Colinette ou Colombine… Est-ce que je sais ?… Sait-on jamais ?…

Certes, d’excellents ouvrages, celui de M. Paul Flat notamment, ont paru sur ces dames de lettres. Ce recueil est le premier cependant où l’on ait essayé de soumettre ces intéressantes personnes à la méthode de Sainte-Beuve, laquelle consiste — pour dire les choses en peu de mots — à expliquer les caractères de l’œuvre par les circonstances de la vie et à laisser aux guirlandes, leurs épines. Ce genre de critique semble fort négligé aujourd’hui, et nos contemporains et nos contemporaines supportent assez mal de s’y voir soumis. Un romancier me disait : « Mais notre vie est notre propriété ; nos œuvres, seules, appartiennent au public ! » Je répondrai : La critique littéraire a du bon, mais le Français n’a jamais été esthéticien, et cette sorte d’exercice n’intéresse, en somme, qu’accidentellement. D’ailleurs, prendre un livre, deux livres, vingt livres, et les étudier sans s’inquiéter de qui les écrivit, ni dans quelles circonstances, ni pour quels motifs, c’est cueillir une fleur, deux fleurs, vingt fleurs, et en former