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sacré auquel ont travaillé et le ciel et la terre ! »

« Tout artiste, — écrivait celle qui signait des deux initiales L. F. l’opuscule hors commerce dont sont extraites ces lignes, — tout artiste est un virtuose impuissant s’il ne possède son instrument, et son instrument, c’est son âme, sur les fibres de laquelle il joue. » D’autres ont mieux joué que cette Française du tambourin algérien, de la flûte égyptienne ou des pipeaux grecs, mais sur le violon italien sa maîtrise devient incomparable. Faute de pouvoir tout citer, je ne citerai rien du tout ; il y a des pages dont aucune paraphrase n’égalerait l’impression directe.

Racontons plutôt que par la reproduction (marbre, peinture ou photographie) Mme Félix-Faure-Goyau a fait de sa demeure un résumé des musées de là-bas. La blanche librairie, où, devant un minuscule secrétaire, elle écrit ses pages fleuries de métaphores, comme un manuscrit du Cinque Cento d’enluminures, se place sous l’inspiration directe d’une vierge de Botticelli, celle du Magnificat. Vous n’avez pas oublié, dans la Galerie des Offices, la toile admirable ? La madone dessinée de trois quarts, en manteau bleu et en robe rouge ? Sa gauche protège un enfant Jésus d’une grâce mystérieuse,