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mettre du sien que ça ; dès ce premier article, je retrouve la sûreté d’information, la netteté de paroles, la verve caustique qui deviendront les caractéristiques de ce talent. Ayant dessein d’analyser les derniers magazines russes, elle s’efforce de dire le plus de choses en le moins de mots possible. Mais, au nom d’Émile Zola, sur le sommaire du Messager d’Europe, sa malice ne résiste pas : « Les Russes ont toujours passé pour aimer les épices ! » Puis, ce sera une revue des nouveaux romans anglais où je trouve cette perle à propos de Mme Eliot : « Nous n’aimons pas voir comparer un héros de roman à un crocodile neutre, c’est décidément mettre le lecteur à une trop rude épreuve !… » Enfin, à l’occasion, ces chroniques devenaient culinaires, ce qui permettait à la savante de reprocher à Gretchen de préférer les pâtisseries à l’hygiène et de déclarer, — il s’agissait des Italiens, mais les Japonais l’ont bien montré, il aurait aussi bien pu s’agir d’eux ! — « qu’il y avait toujours de l’espoir pour une nation qui savait faire cuire le riz !… » Vous discernez quoique le titre n’y fût pas encore, que les opinions que cherchait à répandre Mme Barine, comme celles qu’elle défendra plus tard, étaient et resteront les idées d’une ménagère.