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quelles l’accord humain ne semble pas possible. » Avec clairvoyance, elle s’est plue à répéter que le développement de ses sœurs devait, comme celui de ses frères, obéir à la loi de progrès. Seulement, à ceux qui s’efforcent de rendre ces développements pareils, elle a répondu qu’il était préférable qu’ils demeurassent parallèles. L’un comme l’autre perdront plus qu’ils ne gagneront à vouloir acquérir les mêmes qualités, les mêmes occupations et les mêmes pensées. Bien loin d’apaiser ce que les philosophes appellent « la guerre des sexes », le féminisme qui va se propageant par tous les pays de la vieille Europe et de la jeune Amérique, en attendant qu’il ne gagne les trois autres parties du globe, — le féminisme ne parvient qu’à en accentuer les péripéties, qu’à en exaspérer l’horreur !… Au lieu d’exciter la concurrence et la haine, le féminisme, pour faire œuvre efficace, devrait donc apporter des paroles d’apaisement et d’amour. Le premier point à gagner serait d’obtenir que les deux termes de l’éternelle équation vitale consentissent à se connaître et à s’apprécier, en dehors de l’œuvre de chair, en dehors même de toute préoccupation sentimentale.

Vous comprenez l’attitude de Mme Neera ?