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de sa hardiesse — ou sur l’adultère qu’elle ne juge point avec l’indulgence coutumière à ses confrères (elle va jusqu’à traiter l’épouse infidèle de voleuse domestique, et jusqu’à déclarer, avec arguments de son choix, que la faute qui reste simple délit, pour l’homme, sera toujours chute grave pour la femme), je voudrais encore dissiper un malentendu que ces analyses d’idées ont peut-être soulevé.

D’aucuns se seront demandés perfidement si cet écrivain en serait encore à croire que tout allât pour le mieux dans le meilleur des mondes et si, d’aventure, dans son excès d’humilité, Mme Neera s’aveuglerait jusqu’à tenir la femme pour inférieure à l’homme. Or, j’ai le regret de l’ajouter pour ceux qui eussent aimé voir cette Milanaise pousser jusqu’à l’absurde ces théories de naguère, plutôt que d’aujourd’hui, — l’écrivain lombarde n’est point tombée dans de tels travers. Après avoir consacré tout un chapitre à discuter, — et avec quel esprit ! — les raisons qu’avancent certains physiologistes, — allemands d’ordinaire, — pour essayer de prouver que la nature de la femme est inférieure à celle de l’homme, elle conclut par ces belles paroles de Mazzini : « L’homme et la femme sont deux notes inégales, de nature diverse, sans les-