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treindre aux travaux méthodiques d’une éducation complète. Mme Neera doit avoir trouvé la raison qui rend souvent la conversation des illettrées plus captivante que celle des institutrices. Il faut qu’une femme en sache suffisamment pour comprendre, point assez pour enseigner. Rien ne saurait suppléer à l’absence de moyens naturels. L’esprit féminin, l’authoress le compare à une alouette. Or, c’est Dieu, ce n’est pas le travail qui donne à l’alouette ses ailes, sa voix légères. Il faut se garder de la mettre à l’école de la cage ; elle aurait si vite fait de perdre sa gaîté ! Parmi celles qui créèrent des œuvres durables, combien étaient instruites ? Les deux plus célèbres : George Sand et Georges Eliot passèrent leur jeunesse à battre le beurre et à préparer des conserves. « Croyez à mon expérience. J’ai utilisé la majeure partie de ma vie à étudier l’âme de mes sœurs, et j’en suis arrivée à cette conclusion, raconte l’Italienne, que nous ne parvenons à nous illustrer dans une carrière libérale qu’à la condition de nous arracher du corps notre cœur d’amante et nos entrailles de mère. Ah ! mieux vaudrait plaindre ces malheureuses que les admirer ! » C’est, avec d’autres paroles, la vérité que Porto-Riche a placée sur les lèvres de l’un de ses Don Juan : « Au