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niosité, elle s’est efforcée, par le livre et par le journal, d’être auprès de ces têtes que la stretezza dei tempi avait quelque peu désorganisées, l’apologiste des idées et des usages d’autrefois. Certaines vérités sont toujours bonnes à entendre.

Je le répète : Mme Neera est franchement réactionnaire. Elle n’estime point, ce qui, à mon avis, est abusif, qu’il y ait lieu de réformer l’éducation des jeunes filles. Le système qui fit de nos mères des femmes de bien ne saurait-il convenir à élever nos descendantes ? C’est en de tels sujets qu’il convient d’éviter les artifices de la rhétorique. Ils sont nombreux ceux qui, à grand renfort de belles phrases, réclament pour la jeune fille une instruction plus complète, le droit à la connaissance. Or, que veut-on signifier ? se demande Mme Neera. En théorie, c’est parfait ; mais, en pratique, il devient certain que ce droit à la connaissance aura et doit avoir des limites. Alors, selon la belle sentence d’Alfieri, « mieux vaut une ignorance honnête et complète, que les regrettables abus d’une demi-science ». D’ailleurs, — ajoute la romancière, avec un savoureux bon sens, — aucun livre, aucun discours, ne pourront jamais faire d’une jeune fille une femme, car c’est là un privilège que Dieu a transmis directement à l’homme et dont