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vous devinez, elle concluait en avouant que sa patrie offrait des milieux mal préparés et peu propices aux idées d’émancipation[1]. Cependant, parmi les maîtresses d’école, les institutrices, les femmes de lettres, dans la bourgeoisie modeste, où la vie est là-bas plus difficile qu’ailleurs, parce que les charges y sont plus lourdes et les moyens plus limités, et surtout au sein de l’immense population des ouvrières italiennes, fileuses milanaises, tresseuses florentines, brodeuses vénitiennes, dont l’existence n’est qu’une perpétuelle lutte pour le pain quotidien, un mouvement libertaire se dessine, et des troubles survenus à Milan ont montré plus d’une fois déjà qu’à la première occasion, ces malheureuses étaient prêtes à fomenter les pires désordres. Aussi bien est-ce dans ces milieux-là, que les théories féministes commencent à s’acclimater. Conçoit-on les ravages qu’elles ne sauraient manquer d’y causer ? Convient-il d’exaspérer l’état d’esprit de celles qui n’ont déjà que trop de motifs de se plaindre ? Une parole de charité ne serait-elle pas plus nécessaire, plus efficace ? Mme Neera l’a estimé et, avec conviction, ingé-

  1. Voir le Correspondant du 10 juin et du 10 juillet 1899.