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bon visage à mauvaise fortune, vécut sans parentes, sans amies, sans professeurs même, dans une solitude propice à la réflexion, les années qui vont de la sixième à la quatorzième — cela se passait sous Louis-Philippe et pendant la seconde République. En guise de maîtres, M. Bouffé avait donné à son enfant les clefs d une vaste bibliothèque, où la place d’honneur avait été réservée aux classiques. Les éditions, pour la plupart princeps, étaient sans notes, avec des | à la place de s, des o à la place de a ; l’enfant n’avait qu’à se débrouiller. D’autres eussent lancé de tels livres par la fenêtre et se fussent mises à avoir du vague à l’âme. En personne déjà pleine de sagesse. Mlle Cécile préféra s’appliquer et « découvrir toute seule les bons endroits ». Ainsi s’éveilla en elle, le sens de la beauté ; le raisonnement n’y était pas encore. « Les classiques français échouèrent entièrement à donner à mon esprit les qualités solides qui priment toutes les autres dans la conduite de la vie. Surtout la plume à la main, je disais ce que je pouvais au lieu de ce que je voulais, prenant ainsi la funeste habitude de laisser diriger ma pensée par les mots… »

Heureusement que l’étude du latin allait remettre tout en ordre, l’étude du latin entreprise