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les premières affirmations imprimées de la personnalité plus répandue que connue de cette Italienne parisianisée. D’ailleurs, si nous abandonnerons à sa triste fortune au coin du champ fatal, cette pauvre Roselli, nous nous ferons tout à l’heure l’avocat de la misanthropique Neera.

Dans un de ses meilleurs romans, — c’est-à-dire de ses premiers, — Paul Bourget a évoqué une intellectuelle de la société des dix mille qui allait chez son couturier avec une Éthique dans sa voiture. « Il lui arrivait d’ouvrir au retour du bal l’Autobiographie de Stuart Mill, sans se douter qu’elle faisait là une action prodigieusement excentrique. Elle avait souligné, de la pointe du crayon d’or qu’elle portait à l’extrémité d’une chaîne qui faisait bracelet autour de son poignet, un certain nombre de phrases de Schopenhauer et de Darwin, d’Herbert Spencer et de Hartmann… » Quoiqu’il n’existe aucune analogie entre le roman de Noémie Heurtel et la biographie de Mme Guillaume Beer, je n’ai jamais pu observer cette « Princesse de Lettres » sans songer à ces pages. En vérité, cette dame, elle non plus, ne paraît pas se douter qu’il y a quelque chose de « prodigieusement excentrique », à voir une personne aussi adulée,