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quel dégénèrent les races latines, alors la phrase désespérée de Germaine de Staël n’aura plus qu’un terme d’exact ; pour les deux entités humaines, l’amour ne sera plus qu’un épisode, que des épisodes multiples et multipliables et nous assisterons, au dessus de ces épisodes, à de véritables et sûres unions — basées non plus comme c’est la folie de ceux qui prétendent éterniser la minute de l’heure qui chante — sur l’amour qui passe, sur l’attrait qui s’émousse, mais sur l’amitié, le respect qui — lorsqu’ils sont mérités — persistent et se fortifient d’expérience en expérience !

Le second point c’est qu’aucune de celles auxquelles le latin fut inconnu ne parvint à traduire ses pensées avec clarté. Le Sainte-Beuve italien, M. Croce, le prétendait. C’est le défaut de Neera, elle n’a jamais su écrire proprement. Émilie de Morsier, géniale, s’en rendit si parfaitement compte, qu’elle renonça à terminer les romans qu’elle avait l’intelligence de concevoir. Les autres furent toutes des latinistes achevées. Cela paraît ridicule : mais pour écrire avec goût un article de vie parisienne, un sonnet de vie amoureuse, il faut savoir décliner Rosa la rose et conjuguer, autrement qu’en action, le verbe amare, aimer. N’est-ce pas plein de philo-