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dont le premier livre demeure le meilleur. L’on sait à quel point les enfants prodiges sont exceptionnels parmi les hommes dont les plus intelligents emploient d’ordinaire trente ou trente-cinq ans à acquérir les qualités qu’ils manifesteront dans leur maturité. Lombroso aurait-il raison ? « Le génie chez la femme ne s’expliquerait-il que par une confusion des caractères secondaires ? » Il est certain que plus une femme a de talent, et plus ses manières de réfléchir, de déduire et de vivre se rapprochent de celles des hommes. Je veux dire qu’en visitant ces cérébrales, qu’en étudiant leur vie et leurs opinions sur la vie, on perd l’impression de la différence du sexe, pour acquérir l’illusion de se trouver en face d’êtres neutres, d’une beauté peut-être classique, mais dont la féminité s’est fortement atténuée. Je ne sais pas si c’est un mal. Mon intention serait d’approuver, mais j’entends n’exprimer qu’une opinion personnelle. Laissons le féminisme aux féministes, l’intellectualisme suffit. En tout cas, la femme-enfant, la femme-poupée, la femme-mannequin ou cocotte a fait son temps. L’Ève future sera l’associée, l’égale, le compagnon sûr, à l’inverse de celle d’autrefois que le poète appelait peu sûre. Alors le joug sentimental sera brisé, ce joug sous le-