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d’altitude, sur les trois voyageurs, il n’y en aura qu’un seul à se réveiller, un seul pour soulever la tête de ses amis que la mort a frappés, pour leur adresser en vain des appels désespérés, pour voir leur face noircie par l’asphyxie, leurs lèvres tuméfiées, et pour ramener au port les cadavres de ces naufragés sublimes qui, pour la première fois, sont morts « en montant ».

Le voyage le plus rapide qui puisse être signalé, est celui que j’ai exécuté avec M. W. de Fonvielle, le 7 février 1869. Nous avons ce jour-là parcouru une distance de 80 kilomètres, de Paris à Neuilly-Saint-Front, en 35 minutes, soit à peu près 40 lieues à l’heure. La descente fut terrible, et le ballon emporté par la rafale nous entraînait à travers champs, avec la vitesse d’un traîneau sur la glace (fig. 17).

Par temps calme une ascension aérostatique offre un charme incomparable ; mollement entraîné par la brise, on assiste du haut des airs aux plus beaux spectacles qu’il soit donné à l’homme d’admirer.

Rien n’est plus imposant que le tableau des nuages, contemplé du haut des airs dans la nacelle aérienne. Quelle impression délicieuse que de se sentir mollement soulevé de terre, suspendu au-dessous de la sphère de gaz qui s’élève avec lenteur et non sans majesté, comme ces brumes