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disent sceptiques par principe et qui ne le sont que par sottise.

Avant que les hommes aient trouvé une substance spécifiquement plus légère que l’air atmosphérique prête à les soutenir dans l’espace, on a pu douter du succès de semblables tentatives ; mais aujourd’hui que le gaz inflammable est employé avec tant de facilité pour élever les corps, on conçoit qu’une semblable expérience offre beaucoup de chances de succès.

Il est certain que plusieurs animaux, sans avoir rien de commun avec les oiseaux ; du moins quant à l’organisation, peuvent s’élever dans les airs et même voler : c’est ce que font les chauves-souris, et quelques espèces d’écureuils qui sont des animaux à poils et à mamelles. Certains lézards volent d’un arbre à l’autre, des poissons même s’élèvent pendant quelques instans dans les airs en se servant de leurs nageoires comme les volatiles se servent de leurs ailes ; nul doute que la mécanique seule ne pût parvenir à faire des espèces d’ailes avec lesquelles on pourrait quelque tems se soutenir dans les airs et même aller d’un lieu à un autre.

Il ne faut donc pas être surpris que quelques têtes ardentes aient tenté l’entreprise. Dans le siècle dernier, Bacqueville et Blanchard eurent l’intention de voler ; l’un vola aussi bien et presque aussi longtemps que l’espèce de lézard connu sous le nom de dragon ; l’autre s’occupait depuis longtemps de la construction d’un bateau à ailes, que j’ai vu, il y a environ 25 ans, chez l’abbé Viennai, au faubourg Saint-Germain. La découverte des aérostats par Montgolfier, l’application du gaz inflammable la formation des ballons, le détourna de son projet, et Blanchard trouva plus commode et plus sûr de suspendre sa nacelle a un ballon aérostatique.

Il y quelques années qu’un M. Pauly construisit ce qu’il appelait un poisson volant, avec lequel on m’a dit qu’il obtint des résultats assez heureux et qui faisaient