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Par une analyse délicate, M. Marey a déterminé les mouvements de l’aile pendant le vol ; après avoir déduit de ces observations les principes du mécanisme du vol, il a su réaliser comme pour l’insecte la reproduction de quelques-uns de ces phénomènes au moyen d’appareils artificiels.

M. Marey a donné sur la théorie du vol des idées qui se rapprochent beaucoup de celles de Borelli.

Sur ce sujet comme sur tous ceux qui ont beaucoup prêté à la discussion, presque tout a été dit, de sorte qu’il ne faut pas s’attendre à voir sortir de mes expériences une théorie entièrement neuve. C’est dans Borelli qu’on trouve la première idée juste sur le mécanisme du vol de l’oiseau. L’aile, dit cet auteur, agit sur l’air comme un coin. En développant la pensée du savant physiologiste de Naples, on dirait aujourd’hui que l’aile de l’oiseau agit sur l’air à la façon d’un plan incliné, pour produire contre cette résistance une réaction qui pousse le corps de l’animal en haut et en avant. Confirmée par Strauss-Durckheim, cette théorie a été complétée par Liais, qui signale une double action de l’aile d’abord celle qui, dans la phase d’abaissement de cet organe, soulève l’oiseau en lui imprimant une impulsion en avant ; ensuite l’action de l’aile remontante qui s’oriente à la façon d’un cerf-volant et soutient le corps de l’oiseau en attendant le coup d’aile qui va suivre.

On nous a reproché d’aboutir à une théorie dont l’origine remonte à plus de deux siècles ; nous préférons de beaucoup une ancienne vérité à la plus neuve des erreurs, aussi nous permettra-t-on de rendre au génie de Borelli la justice qui lui est due, en ne réclamant pour nous que le mérite d’avoir fourni la démonstration expérimentale d’une vérité déjà soupçonnée.