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penser à la fin que vous croyez à toutes ces folies ou que les savans qui coopèrent à votre journal, n’ont rien à dire pour écarter des prétentions aussi absurdes. Permettez donc, Messieurs, qu’à leur défaut, j’occupe quelques lignes dans votre journal pour assurer à vos lecteurs que si les savans se taisent, ce n’est que par mépris.

Il est démontré impossible dans tous les sens qu’un homme puisse s’élever ou même se soutenir en l’air M. Coulomb, de l’Académie des sciences, a lu, il y a plus d’un an, dans une de nos séances, un mémoire où il fait voir par le calcul des forces de l’homme, fixées par l’expérience, qu’il faudrait des ailes de douze à quinze mille pieds, mues avec une vitesse de trois pieds par seconde il n’y a donc qu’un ignorant qui puisse former des tentatives de cette espèce[1].

On voit que l’astronome était sévère… mais juste, serons-nous tenté d’ajouter. Quoiqu’il exagérât singulièrement le diamètre des ailes artificielles qu’il faudrait pour enlever un homme (15 000 pieds !), il est certain que la voiture volante de Blanchard n’aurait jamais pu s’élever. J’en reproduis l’un des dessins (fig. 9) d’après des gravures fort rares que je possède. Ces gravures, peintes à la main, ont été publiées en juillet 1782 par Martinet, qui était au contraire un adepte convaincu de l’aviateur.

L’examen que j’ai fait du vaisseau volant, dit Martinet dans le Journal de Paris du 8 juillet 1782, m’ont con-

  1. Blanchard et de Lalande eurent plus tard des discussions animées au sujet des aérostats, et Lalande finit par exécuter une ascension aérostatique.