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étant garanti par un masque aigu, et d’une construction singulière.

La boussole, qui sera sur la poupe de mon vaisseau, servira à diriger ma course que rien ne pourra arrêter, sinon la violence des vents contraires ; mais omne violentum non est durabile.

Il n’y aura donc que les ouragans et la force des vents contraires qui pourront m’arrêter dans ma course ; car un calme parfait me sera tout à fait favorable avantage que j’aurai sur les vaisseaux, qui ne peuvent non plus voyager pendant ce temps, que par un vent contraire.

L’armée des Grecs, qui brûlait d’aller, faire la guerre à Priam, roi des Troyens, fut obligée de rester six mois de suite au port avec toute la flotte, parce qu’ils avaient sans cesse les vents contraires.

À la vérité, je n’irai pas si vite par un vent contraire, mais encore j’irai beaucoup plus vite qu’un vaisseau qui a le bon vent. J’espère, messieurs, vous en donner la preuve physique dans peu[1].

J’ai l’honneur d’être, etc.

Blanchard.

Le 1er  mai 1782, Blanchard annonça pour deux dimanches suivants l’expérience de son appareil ou vaisseau volant.

Au moyen de son système il s’était élevé déjà, mais à l’aide d’une corde maintenue par des contrepoids l’expérience publique fut successivement ajournée.

Les journaux n’en continuaient pas moins à s’en entretenir, et tout le monde parlait du vaisseau volant de Blanchard. Les uns en espéraient des résul-

  1. Journal de Paris, no 240, mardi 28 aoust 1781, p. 966.