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que façon comme un aigle qui emporte un petit mouton avec ses pattes. » (Quelle commodité pour les enlèvements ! que d’agneaux, que de moutons même iront se précipiter dans les serres des aigles, des milans, des vautours !)

« Enfin la voiture est construite avec tant de légèreté, que si l’on tirait deux boulets de canon, pour en arracher les deux ailes, quand elle sera à 200 pieds de hauteur, la voiture dégarnie de ses deux ailes ne tombera pas, mais elle descendra dix fois plus lentement qu’en volant. Il n’y aura donc aucun danger ; aussi est-ce moi qui aurai le plaisir de voyager le premier (après Cyrano de Bergerac et Pierre Wilkins) par les régions aériennes. »

Les expériences de la voiture volante de l’abbé Desforges n’ont pas été renouvelées après son premier échec. Ses tentatives donnèrent lieu à une amusante pièce de théâtre qui fut jouée à la comédie italienne et qui eut pour titre : Le cabriolet volant.

Plusieurs années avant la découverte des aérostats par les frères Montgolfier, Blanchard, qui devait plus tard devenir un aéronaute passionné, étudiait avec beaucoup de persévérance le problème du vol mécanique. Voici la curieuse lettre qu’il publiait dans le Journal de Paris, à la date du 28 août 1781 :

L’avis que j’ai l’honneur de vous faire passer vous paraîtra une chimère, mais le fait n’existe pas moins. Peu de personnes ignorent que, depuis un certain laps de temps, je m’occupe, proche Saint-Germain-en-Laye, à construire un vaisseau qui puisse naviguer dans l’air. J’ai choisi cet endroit, aussi isolé que superbe, afin de tenir la chose cachée, en me garantissant de la