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résulte de pièces de vers plus ou moins satiriques publiées en 1752 par Thomas Pinto Brandão. L’une d’elles est intitulée « Au père Bartholomeu Lourenço, l’homme volant qui s’est enfui, et cela se comprend, puisqu’on a su qu’il était lié avec le diable. »

Dans ces vers, on lit des passages analogues à celui-ci « Gusmão s’est élevé dans les airs, il a volé avec ses ailes, au regret de bien des familles. Pour se faire de bonnes ailes, il a déplumé bien du monde[1]. »

En résumé, le manuscrit de Ferreira, parlant de l’invention de Gusmão, semble dénoter un ballon à air chaud ; les vers de Brandão citent nettement, au contraire, un appareil volant au moyen d’ailes. Enfin d’autres récits paraissent faire comprendre que Gusmão se serait élancé de la tourelle da casa da India ; dans ce cas, il serait admissible que l’inventeur ait employé un parachute, au moyen duquel il aurait plané au-dessus de la foule.

Il paraît certain qu’une mémorable expérience aérienne a été faite en 1706 par Gusmão ; une tradition constante en a conservé le souvenir ; mais il n’est malheureusement pas possible de rien préciser de net à l’égard du système employé. Nous nous bornerons à ajouter que Gusmão ne renouvela jamais son essai. On l’accusa de magie, et il craignit sans doute les rigueurs du Saint-Office. Il s’occupa de navigation océanique et de construction

  1. Nous devons à l’obligeance du savant directeur de la bibliothèque Sainte-Geneviève, M. Ferdinand Denis, la communication des vers fort peu connus de Brandão.