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million qui devait lui permettre de l’exécuter, et que l’illustre ingénieur tenait toujours en réserve, dans quelques-unes des grandes maisons de banque de Paris. D’autres projets germaient encore dans son cerveau voiture a vapeur, locomotive à très haute pression, bateau à grande vitesse ; conceptions puissantes, étudiées avec une persévérance à toute épreuve et marquées au sceau du génie.

L’ingénieur, venons-nous de dire, avait tout prévu. Mais au-dessus de la volonté et de la prévoyance humaines, il y a les lois fatales de la destinée : les plus forts doivent s’y soumettre. La maladie est venue lutter contre les efforts du grand inventeur : sa vue s’affaiblit, lui rendant tout travail impossible, ce qui le plongea dans une douleur extrême. Il y avait un peu de l’athlète dans l’âme de Giffard, et l’idée de se trouver réduit à l’impuissance, le rendit inconsolable. Il s’enferma, et lui, qui avait tant aimé la lumière, l’indépendance et l’action, il vécut dans la solitude et s’éteignit graduellement, jusqu’au moment où, la tête affolée par la douleur, il se donna la mort le 15 avril 1882, en respirant du chloroforme.