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qui restent du grand artiste italien ; mais beaucoup de cartons et divers manuscrits laissés à Milan ont été éparpillés et n’ont pu être retrouvés. Ces manuscrits étaient écrits à l’envers, d’une écriture fine et serrée, ce qui en rendait la lecture des plus difficiles et a dû contribuer à leur perte. On peut voir, dans les planches que nous donnons ci-contre, des échantillons de cette écriture bizarre que nous n’avons pu déchiffrer. Il est probable que cette manière d’écrire, intelligible pour l’auteur seul, était un moyen de conserver le secret de ses découvertes ; mais le penseur, en agissant ainsi, a eu le tort de ne pas comprendre que si l’inventeur a l’usufruit de ses découvertes, la nue propriété en appartient à l’humanité tout entière.

La partie capitale du manuscrit de Léonard de Vinci, est celle qui a trait aux principes mêmes du vol. Léonard établit que l’oiseau, étant plus lourd que l’air, s’y soutient et avance en rendant « ce fluide plus dense là où il passe que là où il ne passe pas ». Il avait donc compris que l’animal pour voler doit prendre son point d’appui sur l’air, et l’ensemble de sa théorie se rapproche beaucoup des théories modernes s’appuyant sur l’influence de la vitesse sur la suspension.

L’examen des dessins originaux du grand artiste italien est curieux à approfondir. Nous en reproduisons par l’héliogravure une planche complète (fig. 4) ; elle permet de suivre la pensée qui a présidé à son exécution. Nous laissons M. le docteur Hureau de Villeneuve l’interpréter.

Nous voyons sur le second rang à droite un petit personnage assez analogue à un démon ou à un génie,