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à deux reprises à 27 kilomètres du rivage, pour revenir en sens inverse sur terre, après deux voyages successifs au-dessus de l’Océan[1]. Les courants aériens superposés faisaient en réalité entre eux un certain angle qui aurait pu nous permettre de gagner les côtes de l’Angleterre, en tirant des bordées à deux altitudes différentes, comme un bateau à voile.

Depuis cette époque, d’autres aéronautes ont opéré avec succès la même manœuvre ; M. J. Duruof à Cherbourg, M. Jovis à Nice, M. Bunelle à Odessa, Lhoste sur la Manche, ont réussi à s’avancer au-dessus de la mer dans la nacelle de leur ballon et à revenir à terre sous l’influence d’un courant aérien inverse.

Ce système tout à fait séduisant par la simplicité des manœuvres qu’il nécessite, offre un grand inconvénient : c’est qu’il dépend des conditions atmosphériques auxquelles on ne saurait commander à son gré. Or les courants ne soufflent pas toujours dans la direction voulue. S’il y a parfois, dans l’atmosphère, des courants superposés, il arrive plus fréquemment qu’il n’y en a pas, et que l’air se déplace dans le même sens à toutes les altitudes. Lors de l’ascension à grande hauteur du Zénith, par exemple, la direction suivie par l’aérostat était à peu de chose près la même, depuis la surface du sol jusqu’à la hauteur de 8 600 mètres.

  1. Histoire de mes ascensions, par Gaston Tissandier, 1 vol. in-8o illustré. Paris, Maurice Dreyfous.