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et qu’il pourra, selon sa volonté, s’approcher ou s’éloigner des aspérités de nos villes ou des sommets raboteux de nos montagnes. La sûreté du nombreux équipage qui doit accompagner le premier capitaine de cet étrange navire, en dépend. Dans le cas de succès complet, aux termes du rapport de M. Reverchon, membre de l’Académie nationale, la locomotive aérostatique Pétin pourrait arriver à parcourir quelque chose comme huit cents kilomètres à l’heure. Pauvre chemin de fer, qui parcourez à peine quarante kilomètres dans le même espace de temps ! l’invention de Pétin menace de vous réduire à l’état de tortue. Où allons-nous, grand Dieu ! où s’arrêtera-t-on ?

Que vit-on sortir de ces belles promesses ? Rien, absolument rien. Pétin ne réussit même pas à s’élever une seule fois dans les airs avec son grand navire aérien. Il savait à peine calculer la force ascensionnelle d’un ballon : tant il est vrai que parfois l’opinion publique s’égare étrangement sur la valeur des hommes.

Après avoir piteusement échoué en France, Pétin traversa l’Atlantique ; il ne réussit pas mieux aux États-Unis, et il revint en France, où il mourut misérablement.

Le principe des ballons planeurs ne tarda pas à être repris par un mécanicien nommé Prosper Meller, qui publia en 1851 divers projets de chemins de fer atmosphériques, formés de ballons captifs glissant sur des câbles tendus, et proposa de construire un grand navire aérien qui utiliserait la résistance de l’air pendant la montée ou la descente, pour obtenir la direction.