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compte de l’insuffisance absolue des moyens d’action dont on pouvait disposer. La machine à vapeur n’existait pas dans le domaine de la pratique, et aucun moteur mécanique ne fonctionnait encore ; l’hélice, qui est le plus favorable des propulseurs, n’était pas encore appliquée, et la force de l’homme était la seule à laquelle il fût possible de recourir.

Le grand problème de la direction des aérostats occupait cependant tous les esprits, car on considérait alors la solution comme prochaine. Joseph Montgolfier étudiait un aérostat à propulseur, il voulait lui donner une forme lenticulaire, afin de faciliter son passage au milieu de l’air[1], mais il ne mit jamais ce projet à exécution. L’intrépide Pilâtre de Rosier s’occupait de construire son aéro-montgolfière, au moyen de laquelle il voulait tenter ce passage de la Manche de France en Angleterre, que Blanchard avait réussi à exécuter en sens inverse, en compagnie du Dr Jeffries (janvier 1785). Pilâtre voulait monter et descendre dans l’atmosphère, sans perdre de gaz et sans jeter de lest, afin d’aller la recherche de courants aériens favorables. Il avait imaginé de placer une montgolfière cylindrique, sous un aérostat de gaz, afin d’augmenter ou de diminuer à volonté la force ascensionnelle en chauffant ou en laissant refroidir le système. L’idée théorique était bonne, mais son exécution était difficile et dangereuse placer le feu sous un ballon à gaz combustible, c’est, comme on l’a dit, mettre la

  1. D’après les papiers manuscrits et inédits de la famine de Montgolfier. Communiqué par M. Laurent de Montgolfier.