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sortes d’aisles ou en terme de volerie pour planer. Mais il asseure que, partant d’un lieu médiocrement élevé, il passeroit aisément une rivière d’une largeur considérable, l’ayant, déjà fait de plusieurs distances et en différentes hauteurs.

Il a commencé d’abord par s’élancer de dessus un escabeau, ensuite de dessus une table, après, d’une fenêtre médiocrement haute, ensuite de celle d’un second étage, et enfin d’un grenier d’où il a passé par dessus les maisons de son voisinage, et s’exerçant ainsi peu il peu, a mis sa machine en l’estat où elle est aujourd’huy.

Si cet industrieux ouvrier ne porte cette invention jusqu’au point où chacun se forme des idées, ceux qui seront assez heureux pour la mettre dans sa dernière perfection, luy auront du moins l’obligation d’avoir donné une veüe dont les suites pourront peut-être devenir aussi prodigieuses que le sont celles des premiers essais de la navigation. Car quoy que ce que nous avons dit du Dante de Pérouse, que le Mercure Hollandois de l’année 1673 rapporte d’un nommé Bernoin qui se cassa le col en volant à Francfort, ce que l’on a vu mesme dans Paris, et ce qui est arrivé en plusieurs autres endroits, fasse voir le risque et la difficulté qu’il y a de réussir dans cette entreprise, il s’en pourroit enfin trouver quelqu’un qui seroit ou plus industrieux ou moins malheureux que ceux qui l’ont tentée jusqu’icy[1].

J’ai souligné les passages qui m’ont paru devoir attirer l’attention, soit au point de vue des idées théoriques émises, soit au point de vue historique. On voit que l’appareil représenté par le dessin du

  1. Journal des sçavans du lundy 12 décembre m.dc.lxxviii, p. 426 et suiv. — À Paris, chez Jean Cusson, rüe S. Jacques à l’image de S. Jean Baptiste, 1678. Avec privilège du Roy.