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Il ne s’agit que de l’application raisonnée des phénomènes connus.

Et quelque effrayante que soit, en France surtout, l’apparence seule d’une novation, il faut bien en prendre son parti si, de même que les majorités du lendemain ne sont jamais que les minorités de la veille, le paradoxe d’hier est la vérité de demain.

L’automotion aérienne, d’ailleurs, ne sera pas absolument une nouveauté pour tout le monde…

J’arrive à MM. de Ponton d’Amécourt, inventeur de l’Aéronef, et de la Landelle, dont les efforts considérables, depuis trois années, se sont portés sur la démonstration pratique du système, à l’obligeance desquels nous devons la communication d’une série de modèles d’hélicoptères s’enlevant automatiquement en l’air avec des surcharges graduées.

Si des obstacles que j’ignore, des difficultés personnelles ont empêché jusqu’ici l’idée de prendre place dans la pratique, le moment est venu pour l’éclosion. La première nécessité pour l’automotion aérienne est donc de se débarrasser d’abord absolument de toute espèce d’aérostat.

Ce que l’aérostation lui refuse, c’est à la dynamique et à la statique qu’elle doit le demander. C’est l’hélice la Sainte Hélice comme me disait un jour un mathématicien illustre — qui va nous emporter dans l’air ; c’est l’hélice, qui entre dans l’air comme la vrille entre dans le bois, emportant avec elles, l’une son moteur, l’autre son manche.

Vous connaissez ce joujou qui a nom spiralifère ? — Quatre petites palettes, ou, pour dire mieux, spires en papier bordé de fil de fer, prennent leur point d’attache sur un pivot de bois léger.

Ce pivot est porté par une tige creuse à mouvement rotatoire sur un axe immobile qui se tient de la main gauche. Une ficelle enroulée autour de la tige et déroulée d’un coup bref par la main droite lui imprime un mou-