Page:Tiphaigne de la Roche - Sanfrein, ou mon dernier séjour à la campagne, 1765.djvu/41

Cette page n’a pas encore été corrigée

billon, et toujours courant de toutes ses forces, il sort du parterre, de la maison, des cours, des jardins, des enclos, et enfin du coteau. Il eût fui, je crois, au bout de la terre ; mais ses jambes fatiguées se refusaient à son empressement, et sa respiration précipitée était sur le point de s’éteindre tout à fait ; il se jeta sur le premier gazon qu’il trouva à sa portée. « Malheureux étang aux carpes (s’écria-t-il en s’interrompant à chaque syllabe, pour reprendre haleine) ! Imprudent Sanfrein ! Dangereux Senior ! monde séducteur et perfide ! Je le vois bien, les hommes sont pour moi autant de pierres d’achoppement; je ne puis faire un pas dans la société, que je ne tombe, Je fuirai tout le genre humain, je me cacherai dans une de mes terres ; et si cette solitude n’est pas encore assez profonde,