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pour s’échapper et fuir, lorsqu’il entra dans les Jardins de Senior. Jamais il ne les avait vus si beaux. Il les parcourt rapidement, toujours admirant, toujours s’extasiant. Ils n’avoient pourtant rien de plus rare qu’à l’ordinaire, mais la vue lui en était interdite, c’en était assez pour les rendre enchanteurs à ses yeux. Sanfrein fit encore un retour sur lui-même, au moment où l’on vint avertit qu’on allait servir, « J suis né sous une bien fatale étoile, disait-il ; jamais je n’exécute ce que j’ai projeté, jamais je ne fais ce que la fortune ne s’occupe qu’à former des obstacles à tous mes desseins. Qui m’eût dit ce matin que je dînais chez Senior, je l’eusse pris pour un fou : et c’est moi qui le suis. Enfin, me voilà dans la nasse, il faut prendre son parti. Ce serait profaner la