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tencier qui le traita avec toute la sévérité qu’exigeait une faute si grève, et lui enjoint, pour réparation, de faire beaucoup d’aumônes. Sanfrein était naturellement compatissant, il n’avait pas attendu cet ordre pour s’attendrir sur le sort des malheureux; c’était un des plus grands aumôniers qu’il y eût. Dès qu’il fit l’aumône par devoir, il ne la fit plus par goût. Le voilà qui commence à calculer ce qu’il donne; car il voulait être libéral, et non pas prodigue. Il regardait à qui il donnait, il voulait bien placer ses largesses. Des pauvres qui se présentaient, l’un était encore jeune et pouvait travailler ; lui donner, c’est eût été favoriser la fainéantise; l’autre avait un air décidé ; ceux-là n’ont jamais de besoins pressants; c’était aux pauvres honteux qu’il voulait