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jours à l’idée qu’on s’en était faite. Sanfrein, ennuyé de tout ce monde d’Artistes et de Savants, retomba dans le vide, et fut à son ordinaire des réflexions à perte de vue. «  Où en suis-je, disait-il, et que vais-je devenir ? Les plaisirs des sens ont passé pour moi comme une ombre. Les plaisirs de l’esprit n’ont pu les remplacer. Je me sens dans l’âme un vide qui me tue. On me l’avait toujours bien dit, le cœur humain est au-dessus de tous ces objets. Ils peuvent l’occuper pour quelque temps, mais ils ne le remplissent jamais. Il est fait pour des désirs plus sublimes et des plaisirs plus purs. La Religion seule peut le combler d’un bonheur, qu’il cherche en vain partout ailleurs. Ouvre les yeux Sanfrein, reconnais tes erreurs, et mets-toi sur la bonne voie ».