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qui commencent à manquer de cet esprit nourricier par qu tout se reproduit. La nature vieillit visiblement, et perd sa fécondité à proportion. Vous devez bien penser que les animaux, se nourrissant de ces productions manquées, buvant de ces eaux dégénérées, respirant cet air épuisé, doivent perdre, par degrés, leur ancienne constitution. Les hommes, par les mêmes raisons, doivent dégénérer eux-mêmes. Et, comme la dégénération du physique, entraîne la dégénération du moral, faut-il s’étonner si la probité devient si rare, si l’honneur n’est plus qu’un vain dehors, si le patriotisme n’est plus qu’un mot, si les mœurs se pervertissent de jour en jour. Vous voyez donc bien pourquoi mes choux sont si chétifs, et les hommes si méchants. J’aurais bien des choses à dire sur tout cela, et j’en pourrais faire un