Page:Tinayre - Une provinciale en 1830.pdf/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mois, commence la grande lessive. Naïs m’aidera dans la revue du linge et le rangement. Il est temps qu’elle s’applique au ménage. Les sœurs de la Roche-Terrasse m’ont engagé à lui montrer le positif et le sérieux de la vie…

— Attendons la grande lessive ! C’est cela ! Les vacances de l’enfant finiront dans l’eau du cuvier ! » dit Zerbin en riant.

La sévère figure de Mme Lucile ne s’éclairait pas.

« Zerbin, ne te semble-t-il pas qu’elle change ?

— Qui ?… Naïs ?…

— Elle est moins joyeuse. Je crains qu’elle ne regrette le couvent.

— Écoute, Lucile ! La maison n’est pas drôle. Nous sommes trois vieux… Naïs avait des amies de son âge. Elle n’a plus que Palma… Et encore ! Pas pour longtemps, si le cousin Elzéar…

— Qu’il épouse donc sa cousine au plus tôt ! Et pour nous, Zerbin, dès que Naïs aura fini ses dix-sept ans, nous penserons à l’établir. La garde d’une fille est un pesant souci, dans ce siècle corrompu. Cela veut dire que les cordons de ma bourse… crac ! serrés et noués ! Tu m’entends ?

— J’entends, ma sœur, » dit Zerbin, moitié raisin, moitié figue.


Il était sincère en affirmant que Naïs ne lui paraissait pas changée. Les faciles « beautés »