Page:Tinayre - Une provinciale en 1830.pdf/78

Cette page n’a pas encore été corrigée

alors, s’élança de la voiture, et se retourna pour aider la jeune femme qui sauta, presque aussi légèrement que lui ! C’était un couple comme on en voit dans le Moniteur des Dames et des modes, lui surtout, tellement « fleur des pois », tellement « lion », tellement « habitué du boulevard de Gand » ! Oh ! cette redingote vert olive, ce pantalon blanc à sous-pied, ce gilet à châle, ces cheveux en touffes sur l’oreille, débordant ce chapeau !… Les yeux féminins ne le reconnurent pas, mais se chargèrent de regret et s’aiguisèrent de jalousie en voyant Mlle de Fontclose, éblouissante dans sa robe écossaise à volants bordés de velours noir. La Mion, attirée par le bruit des roues, avait ouvert la porte. Le couple entra dans la maison. Aussitôt, d’un bout de la rue à l’autre bout, et de là dans tout Verthis, une rumeur se propagea :

« Il y a un jeune homme de Paris en visite chez les Fargeas… Il a un tilbury et un tigre… Il est seul avec Mlle de Fontclose… Qu’est-ce que cela signifie ?… »

Le soir même, le notaire, le curé, Mme Lestrade, les dévotes, les bonnes ménagères, les filles à marier, les joueurs de billard du Café du Périgord, l’hôtesse des Trois-Rois et du Cheval-blanc réunis, savaient que Mlle de Fontclose se compromettait avec un dandy. (On prononçait un danndie.)

Mme Lestrade, la première, alla aux nou-