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V


C’était à M. du Fargeas que Naïs devait cette chambre, la plus belle qu’une jeune fille de Verthis eût jamais possédée. Ce fut à l’oncle Zerbin qu’elle dut quelques semaines de liberté — ses dernières vacances ! — avant d’entrer dans ce que Mme du Fargeas appelait « la vie sérieuse », d’un ton à faire frémir. Il est peu d’hommes qui ne soient indulgents, voire faibles, devant ce joli miracle qu’est la floraison d’une jeune fille, et Papa et Tonton auraient fait des folies pour Naïs. Mais Maman, aussi incorruptible que Robespierre, cuirassée de principes, et trop heureuse de commander, gouverner, diriger et corriger, Maman ne voulait connaître que son devoir. Et son devoir était d’achever l’œuvre du couvent, et de faire de sa chère Zénaïde, une « jeune personne accomplie ».

Sollicitée par son mari et par son frère, elle céda, pour quelques jours. Il fut permis à l’heureuse Naïs de sortir, toutes les après-