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Naïs qui se guindait pour être grave et mélancolique ; et, parce que c’était chose permise, en ce moment des adieux, elles se jetèrent dans les bras les unes des autres, et s’embrassèrent comme de simples petites filles qu’elles étaient encore.


Le lendemain, Naïs ouvrit les yeux dans une chambre qu’elle ne reconnut pas.

Elle y était entrée, la veille au soir, fatiguée d’avoir roulé sur les mauvaises routes, dans la diligence malodorante, où des paysannes l’avaient écrasée de leurs paniers. La maison paternelle, Papa, Tonton, la bonne Mion, le souper, et cette chambre nouvelle — une surprise ! — tout cela semblait un songe.

Mais, ce matin, c’était une réalité, et la plus charmante, cette fenêtre ensoleillée, aux volets mal clos qui filtraient une lumière d’or sur les rideaux de mousseline ! Une réalité, la commode d’acajou à marbre gris, le guéridon ovale, la toilette à glace ronde, le ravissant tapis tout neuf, qui montrait, sur fond brunâtre, un joli chien de chasse jaune, tenant, dans sa gueule, un perdreau ! Deux chaises, en tapisserie, avaient à leur centre, une bergère et un fauconnier, brodés au petit point. Des rideaux pareils à ceux de la fenêtre, tombaient d’une flèche d’acajou et enveloppaient le lit-gondole, ainsi que les ailes dépliées de l’ange gardien. Mais le plus beau de tout