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de Dieu, la nature change d’aspect et de sens… Elle est l’image visible de l’Invisible. Tout chante la gloire du Seigneur. Avec des yeux nouveaux, Naïs considère les tilleuls embaumés de juin, et les roses qui meurent sur les reposoirs. Une tristesse suave, qu’elle ignorait, voile comme une brume, parfois, sa gaîté, encore enfantine. Elle médite sur le néant des vanités humaines. Elle pense à la mort. Elle songe à se faire religieuse dans un ordre rigoureux, chez les Clarisses ou au Carmel…

Et l’ingénue ne sait pas, et personne ne sait, même pas sœur Sainte- Rose, que cette influence secrète qui trouble les cœurs adolescents, en toute pureté, c’est ce que des poètes appellent déjà : le mal du siècle.