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III


Le couvent de Sainte-Ursule était situé, à quatre lieues de Verthis, sur une hauteur dominant la vieille petite cité, autrefois guerrière, qui a crevé, ça et là, son corset de remparts. Ce n’était pas une Abbaye au bois, ou un Fontevrault, où des filles de grande maison pouvaient mener, sous l’ancien régime, une existence quasi mondaine. Ici les religieuses qui n’étaient pas toutes des prodiges de science ou des anges de mansuétude, avaient au moins l’esprit de leur état, et venaient de cette vieille race bourgeoise qui conservait encore, dans sa dévotion, toute la roideur du grand siècle. Elles s’attachaient à la formation du caractère, plus qu’à la culture de l’intelligence, en partant de cette idée que l’humanité n’est pas originellement bonne et que la femme, inférieure dans la société, est faite pour obéir et pour souffrir. Il fallait donc dresser les filles à la soumission et à la patience, et pour cela, supprimer tout espèce de sensualité. Les longs