Page:Tinayre - Une provinciale en 1830.pdf/39

Cette page n’a pas encore été corrigée

tude, s’était créé un monde intérieur où personne ne pénétrait. L’extrême délicatesse de sa santé avait donné de vives inquiétudes pendant son bas-âge. Elle s’était fortifiée par l’habitude du grand air, des ablutions froides et des vêtements lâches et souples qui laissaient son joli petit corps en parfaite liberté. Tandis que Zénaïde, à sept ans, portait une espèce de brassière, remplaçant le dur corset des aïeules, et que cette armature allégée, quoique bien rigide encore, l’empêchait, disait-on, de se gâter la taille, Palma n’avait sur elle que sa chemise, son pantalon brodé, ses jupons, et sa robe à manches courtes. Ses boucles dorées flottaient retenues par un ruban bleu, cependant que Zénaïde, coiffée à la chinoise, supportait, sur sa tête innocente, un édifice de coques brunes. Cette question de la toilette des enfants divisait beaucoup Mme de Fontclose et Mme du Fargeas. Et il en était de même du régime, Palma étant accoutumée à se nourrir de lait, de légumes et de fruits, au lieu des grosses soupes et des pâtés qu’absorbait Zénaïde.

Chaque jour, après le dîner d’onze heures, un domestique amenait donc Palma de Fontclose, et sur le coup de la demie, Berger, l’instituteur, arrivait.

Ce brave homme enseignait le français, le calcul, la musique et la danse. Comment il avait pris son brevet de maître à danser, c’était